Après Lille, Lyon et Paris…
Strasbourg ? Non !
Appel d’associations strasbourgeoises
Deux ans après le honteux
« discours de Grenoble », peu de choses ont changé semble-t-il pour
les 15 à 20 000 Roms migrants qui vivent en France. En ce mois d’août
2012, alors que beaucoup profitent tranquillement de leurs vacances, les
expulsions s’enchaînent, de Lyon à Lille en passant par Paris, attirant une
nouvelle fois l’attention de la Commission européenne qui veut lutter contre
les « expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires ».
Le changement du 6 mai dernier a
fait naître de nombreux espoirs, y compris chez les Roms qui ont souffert de la
politique de Nicolas Sarkozy et de la stigmatisation qui en a découlé. Cent
jours à peine après l’élection de François Hollande, les interrogations sont
cependant nombreuses… Les incertitudes aussi. Car lorsqu’on vit avec la crainte
d’être expulsé à tout instant ; lorsqu’on ne peut, malgré tous ses
efforts, accéder à l’emploi ; lorsqu’on se heurte aux préjugés, le quotidien
n’est alors fait que d’incertitudes.
Cette situation ne peut plus
aujourd’hui être tolérée en Europe, une Europe bâtie au lendemain de la Seconde
guerre mondiale pour assurer la paix et la prospérité sur un continent dévasté.
Parmi les valeurs fondatrices de cette Europe se trouvent le respect des droits
de l’homme et la non-discrimination. Parmi les principes qui ont dirigé la
construction européenne depuis lors, se trouve la libre circulation. La libre
circulation des personnes notamment. Comment alors, plus d’un demi-siècle après l’adoption de la Convention européenne
des droits de l’homme et du Traité de Rome, accepter que des citoyens européens
soient ainsi traités?
Les expulsions ne règlent aucun
problème. Certes, les terrains sont débarrassés de leurs occupants
indésirables. Mais ceux-ci n’ont alors d’autre choix que d’aller s’installer un
peu plus loin, sur un autre terrain, dans l’attente d’une autre expulsion.
L’aide au retour n’apporte pas plus de solution. C’est un dispositif coûteux et
inefficace, puisque nombre de personnes en ayant bénéficié reviennent peu de
temps après. Pourquoi ? Car malgré la précarité de leurs conditions de vie
en France, l’espoir d’une vie meilleure, pour elles et leurs enfants, reste
plus grand que dans leur pays d’origine.
LA solution à la question de
l’intégration des populations Roms n’existe pas. Il est néanmoins possible
d’apporter DES solutions. Au niveau national, un travail de fond doit être mené
pour lutter contre les stéréotypes et mieux connaître et comprendre l’histoire
de ces populations. A plus court terme, le régime transitoire et
discriminatoire concernant l’accès à l’emploi des Roumains et des Bulgares doit
aussi prendre fin. Au niveau local, des réponses concrètes aux problèmes du
quotidien (logement, santé, scolarisation, formation) doivent être apportées
par les collectivités en étroit partenariat avec la société civile et les
populations concernées, et avec le concours de financements européens comme le
FEDER ou le FSE.
Hier, le gouvernement a fait un
premier pas en ce sens en annonçant la suppression de la taxe qu’un employeur
doit payer à l’OFII et l’élargissement de la liste des métiers accessibles aux
ressortissants roumains et bulgares. Mais cela n’est pas suffisant et une
stratégie plus globale doit être élaborée en étroite coopération avec les
représentants de ces populations, la société civile et les collectivités
territoriales. Surtout, les expulsions doivent cesser en attendant que des
alternatives satisfaisantes puissent être proposées. Les expulsions sont
synonymes d’angoisse pour les familles et ne font que repousser le
problème un peu plus loin.
A Strasbourg, les habitants de 4
sites ont été assignés en référé par la ville. L’audience est prévue mardi 28
août 2012 à 9h. Presqu’un an après le Sommet des Maires sur l’intégration des
populations Roms organisé par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du
Conseil de l’Europe, en partenariat avec la Ville de Strasbourg, l’on est en
droit d’attendre une autre politique de la part de la « capitale
européenne des droits de l’homme ».
Ainsi, nous, associations
présentes auprès des familles Roms au quotidien (Médecins du Monde, Emmaüs,
Arpomt, Cercle Menachem Taffel, Latcho Rom) appelons la Ville de Strasbourg à
ne pas donner suite aux procédures d’expulsions en cours et à mettre en place
un dialogue structuré en vue de trouver des solutions durables et
satisfaisantes pour tous. Des contacts en ce sens sont en cours et nous
espérons un aboutissement rapide.
La valeur d’une société se mesure
sans aucun doute à la manière dont elle s’occupe de ses groupes les plus
vulnérables… Montrons l’exemple à Strasbourg !
Strasbourg, le 23 août 2012
Médecins du Monde-Strasbourg,
Emmaüs Mundolsheim, Arpomt, Cercle Menachem Taffel, collectif Justice & Libertés, Latcho Rom.
Contact : latchorom.strasbourg@gmail.com
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