Justice & Libertés
Collectif de vigilance contre
l’extrême droite
et pour le respect de l'Etat de
Droit
Lettre ouverte à Monsieur le Président
de l'UDS
Strasbourg, le 1er septembre 2016
Monsieur
le Président de l'Université de Strasbourg,
Dans une lettre adressée à vos collègues, vous les
invitez à assister, vendredi 16 septembre prochain, à une rencontre
exceptionnelle : "Corps - Esprit - Sciences : conversations
avec le Dalaï Lama".
Voici ce qu'écrit Laurent DISPOT,
rédacteur à la Règle du jeu à Libération,
à propos du Dalaï Lama :
Par Laurent DISPOT,
rédacteur à la Règle du jeu. — 25 avril 2008 à 03:13 (Libération)
En juillet 1938
(anniversaire en 2008), un SS champion d'alpinisme est vainqueur de la face
nord de l'Eiger, en Suisse : une «première». Il s'appelle Heinrich Harrer. Le
récit de son exploit, et sa photo avec Hitler, sont aussitôt diffusés
massivement en Europe et dans le monde par la machine de propagande de
Goebbels.
Il s'est inscrit à la SA
en 1933, à la prise de pouvoir par Hitler (trois quarts de siècle en 2008).
Passé à la SS, il est un favori du Reichsführer Heinrich Himmler.
Quelques mois après,
autre «première» : ses camarades SS et lui-même sont vainqueurs des synagogues
brûlées et des familles juives terrorisées, sur tout le territoire de
l'Allemagne, lors de ce qu'ils nomment par dérision «la nuit de Cristal», le 9
novembre 1938.
Pendant que les Juifs
passent à la nuit et au brouillard, Harrer est investi d'une mission par Hitler
et Himmler en personnes : s'infiltrer au Tibet, en accord avec les
ministres régents du dalaï-lama enfant, pour devenir précepteur de celui-ci. En
pleine guerre d'agression contre la Chine japonaise, il s'agit de conquérir
Lhassa comme nœud stratégique sur l'axe Berlin-Tokyo.
2008 est l'anniversaire
de la «reconnaissance» par Hitler en 1938 de la stratégie de morcellement de la
Chine menée par le Japon. Autrement dit la Mandchourie occupée par
l'envahisseur fasciste.
Heinrich Harrer a
accompli sa mission de confiance hitlérienne, malgré la défaite militaire
de1945, en la transformant en un logiciel pseudo «spirituel» installé dans des
têtes affamées de servitude.
Son rapport de mission, Sept ans au Tibet,
était bourré de mensonges grossiers et de fascination pour le «Führerprinzip»
impitoyable du théocratisme lamaïque. Il a été transformé en film de propagande
mondiale, en 1997, par le cinéaste français Jean-Jacques Annaud. Sept ans au Tibet,
produit à Hollywood n'était qu'un «Bienvenue au nazi chez les Tibétains»
avec dans le rôle du «gentil SS» un Brad Pitt aux cheveux très blonds, aux yeux
très bleus, assorti de tout plein de beaux drapeaux à croix gammée.
A la mort de Harrer en
2006, et encore ces jours-ci, le dalaï-lama a diffusé de ce SS une apologie
sans réserves : c'est-à-dire sans les mots «nuit de Cristal», «Himmler»,
«Hitler», «Juifs». Où qu'un SS ait été en mission, il était à Auschwitz. Il n'y
a pas de «voie médiane» entre les Juifs martyrs dès 1938 et le champion nazi de
1938 encensé par le dalaï-lama en 2008.
L'«Océan de Sagesse» ne doit pas servir à noyer le poisson de la
mémoire et de l'histoire : à relancer en contrebande le «Hitler connais pas» et
«la Shoah détail de la Seconde Guerre mondiale». Le négationnisme n'est pas
soluble dans les neiges éternelles. Le maître (spirituel) a eu ce maître
(d'école). Il lui reste fidèle. Il y met son honneur. Sur le ceinturon des SS
figurait la devise : «notre honneur est notre
fidélité». Le
dalaï-lama met, depuis soixante ans, son point d'honneur à ne pas parler de la
mission au Tibet confiée en 1938 à son précepteur par Hitler et Himmler, ni des
motifs mystiques, racistes et stratégiques de cette mission.
Il pourrait invoquer son enfance, regretter d'avoir été manipulé
par un plan des nazis et de leurs alliés japonais : ceux qui violaient Paris,
Oradour, Tulle ; ceux qui violaient Nankin. Au lieu de cela, il traite la
destruction des Juifs d'Europe de rétribution, forcément juste, de fautes
antérieures : il jette la Shoah à la poubelle du «karma». Et il ne cesse de
ressasser son remerciement à un SS d'avoir été son «initiateur
à l'Occident et la modernité» .
En acceptant ce
discours, des Occidentaux et des modernes se font citoyens du déshonneur. »
Nous constatons et
dénonçons le fait que vous vous désolidarisez des valeurs du siècle des
Lumières et de la Révolution française portées par l’Université de Strasbourg
dont vous êtes encore le Président.
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