Un
manifeste « contre le nouvel antisémitisme » écrit
par Philippe Val a été signé par 300 personnalités.
Vous avez dit antiracistes ?
Qui sont ces
éminents antiracistes qui nous viennent en aide ? Il y a Manuel Valls, qui
expliquait en septembre 2013 que « les Roms ont vocation à retourner en
Roumanie ou en Bulgarie ». Il y a Nicolas Sarkozy qui a passé son
quinquennat à pourchasser les sans-papiers et dont un ministre déclarait à
propos des Arabes : « Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en
a plusieurs que ça peut poser des problèmes ». Il y a Laurent Wauquiez qui
fait du copier-coller de Marine Le Pen sur l’immigration. Il y a Alain
Finkielkraut qui déclarait sur l’équipe de France de football :
« Elle n’est pas black-blanc-beur, elle est black-black-black, ce qui fait
ricaner toute l’Europe ».
On pourrait
continuer longtemps cet inventaire à la Prévert. Bien sûr, ces braves gens vont
s’étrangler si on parle de racisme d’État ou de racisme structurel encouragé
par l’État, par les administrations, par la politique de ségrégation
territoriale...
L’antisémitisme en France
L’antisémitisme,
c’est notre histoire intime. L’attribuer aux musulmans est une contre-vérité
meurtrière. Pétain, Laval et les auteurs de la rafle du Vel d’hiv n’étaient pas
musulmans. En cette période, ils disaient des Juifs ce qu’aujourd’hui certains
disent des immigrés : « inassimilables », « n’ont pas
vocation à vivre en France ». Prenez ce qu’on dit aujourd’hui des Noirs,
des Roms, des Arabes et des musulmans et mettez à la place le mot
« juif ». Vous avez les discours des années 30 et on sait où cela a
mené.
Simplisme et contrevérités.
Simplisme et contrevérités.
Quand on parle
de racisme, on ne parle pas comme au café du commerce, à moins de vouloir faire
des simplifications populistes comme le Front National. D’où sortent ces
chiffres abracadabrantesques : « les Français juifs ont 25 fois plus
de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans. 10% des citoyens
juifs d’Île-de-France… ont été contraints de déménager » ? Nos statisticiens
amateurs ont sûrement fait des recherches sur les violences subies par ceux qui
habitent dans ce qu’ils appellent avec mépris « les quartiers ».
Le texte parle
de la « radicalisation islamiste ». Nous y voilà. Toutes les études
sur les auteurs d’attentats antisémites ou sur ceux qui sont partis en Irak ou
en Syrie montrent que le cheminement a été majoritairement un passage par la
délinquance et la prison puis la découverte d’un discours
« radical ».
Épuration ethnique ?
On pourrait
croire que les signataires de ce texte parlent du nettoyage ethnique de 1948
contre les Palestiniens, cause d’une guerre coloniale qui dure depuis des
décennies. Eh bien non ! Ces gens confondent sciemment antisionisme et
antisémitisme. Ils essaient de faire croire que tous ceux qui critiquent
Israël, à commencer bien sûr par la « gauche radicale » et les
« musulmans », sont des antisémites.
La guerre du bien contre le mal
Les signataires
de ce texte s’inscrivent dans la logique du discours de Georges W Bush contre
l’axe du mal » en 2002. Le mal pour eux, c’est bien sûr l’islam. Pas tout
l’islam, pas le roi d’Arabie Saoudite. Ce régime féodal et patriarcal est dans
le camp du « bien ». L’ennemi, c’est le musulman des quartiers.
L’islam, voilà l’ennemi
Nos signataires
veulent expurger les textes religieux coraniques de propos inacceptables.
Pourquoi ne
demandent-ils pas aussi aux Chrétiens de retirer des Évangiles le texte qui dit
que les Juifs demandent aux Romains de tuer Jésus ?
Nous autres,
Juifs, pouvons leur proposer d’en profiter pour nettoyer certains textes de la
Torah repris par les colons passés depuis longtemps aux « travaux
pratiques » sur le terrain de la Palestine : « Annihilez les
Amalécites du début jusqu’à la fin. Tuez-les, et dépouillez-les de toutes leurs
possessions. Ne leur montrez aucune pitié. Tuez sans arrêt, l’un après l’autre.
Ne laissez aucun enfant, aucune plante, aucun arbre. Tuez leur bétail, des
chameaux aux ânes ». Ils vont sûrement exiger qu’on cesse d’assimiler les Palestiniens
aux Amalécites.
Vivre ensemble dans l’égalité des droits.
C’est la seule
issue non barbare, en France comme au Proche-Orient. Nous refusons la division,
la stigmatisation, le racisme sous toutes ses formes. Et nous serons toujours
au côté des victimes de ce racisme.
Le Bureau
national de l’UJFP le 24 avril 2018
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