jeudi 11 avril 2013

Lettre ouverte à François Hollande, Monsieur le Président de la République


Lettre ouverte à François Hollande,
Monsieur le Président de la République

                                                                   Strasbourg, le 11 avril 2013

Monsieur le Président,

C’est avec beaucoup d’attention que nous avons suivi votre intervention jeudi 28 mars sur la chaîne publique.

Vous employez un ton pédagogique pour expliquer au commun des mortels que l’emploi est votre priorité et la croissance votre horizon. Pour nous rassurer, vous martelez que «tous les outils sont là».

Or, les faits sont têtus. La croissance est au point mort et chaque jour près de 1000 Français viennent se rajouter à l’armée des chômeurs.

Vous voulez vous montrer maître à la barre mais vous négociez avec la Commission européenne le niveau du déficit en 2014 et le contenu du programme de stabilité. Or, ladite Commission est mue par le même esprit libéral que le Fonds Monétaire International (FMI), qui ne jure que par des principes économiques nuisibles au service public et aux besoins essentiels de la population.

Monsieur le Président, la pédagogie seule ne suffit pas pour ramener la croissance et redonner confiance à une population qui souffre sur le terrain. Vous le ressentez vous-même. Vous n’êtes plus en position de force pour imposer vos promesses électorales de progrès social à une société où la droite-même décomposée- et l’extrême droite sont à l’offensive. Vous ne parlez plus du droit de vote des étrangers ; vous avez oublié l’amnistie des syndicalistes; vous n’avancez aucun calendrier précis pour la suppression des peines plancher, etc.

Par contre, vous suivez les conseils néfastes de la Commission européenne et vous envisagez de prolonger la durée de la cotisation retraite, de baisser les dotations de l’Etat aux collectivités, ce qui aura un impact sur les finances des associations, lesquelles jouent un rôle non négligeable sur le terrain de lutte contre les injustices sociales.

Vous êtes pour la rigueur, mais pas pour l’austérité dites-vous. Expliquez-nous la différence, à l’aune de vos décisions, lesquelles ont contribué à ralentir l’activité économique, augmenter le chômage, augmenter la dette publique qui passe à 90,2% du PIB. Normal. La machine économique tourne au ralenti, les entreprises délocalisent ou ferment, les rentrées fiscales se font rares, le chômage augmente et le gouvernement donne un tour de vis supplémentaire qui ralentit davantage l’activité économique.

Vous nous avez promis la croissance, nous ne voyons que l’austérité qui étouffe nos concitoyens. Vous nous avez promis le volontarisme, nous ne voyons que le suivisme aveugle des préceptes libéraux de l’Union européenne que d’aucuns voient sous la coupe de l’Allemagne.

Nous sommes d’accord avec vous lorsque vous dites : «Prolonger l’austérité c’est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes feront une bouchée le moment venu

Nous y voilà. Vous prolongez l’austérité, vous n’arrivez pas à réduire les déficits, vous êtes, vous et votre gouvernement, impopulaires et la droite et l’extrême droite fanfaronnent.

Les législatives partielles dans l’Oise des 17 et 24 mars sonnent comme un avertissement. Face à l’offensive conjointe de la droite et de l’extrême droite, le candidat socialiste a été balayé au premier tour. Le taux élevé de l’abstention est un autre indicateur de l’échec de votre politique économique et des promesses non tenues.

«Le populisme monte partout en Europe», donc en France. Qu’attendez-vous pour emprunter le cap de la croissance, pourtant promis par le candidat Hollande ? En 2014 il sera peut-être trop tard. «Le spectre des jacqueries sociales»* pointe à l’horizon.

Vous ne voulez pas être tenu pour responsable de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir : Nous, Justice & Libertés, vous demandons d’appliquer une politique de justice sociale et d’égalité, conforme aux valeurs républicaines, seul moyen d’empêcher la montée de l’extrême droite.


*Michel Noblecourt, éditorialiste- Le Monde du 28 mars 2013.

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